Avec l’accroissement de la crise économique au Brésil, le nombre de Français·e·s résidant ayant des difficultés professionnelles a augmenté. Florence Poznanski, ancienne conseillère consulaire, s’en est rendue compte car ce sujet revenait de plus en plus dans les permanences qu’elle tenait régulièrement aux consulats. Mais, parallèlement, l’Etat a suspendu les aides financières d’accompagnement à l’emploi en 2015 et le conseil consulaire pour l’emploi et la formation professionnelle (CCEFP) a cessé de se réunir (lien vers l’article “pour un retour du conseil consulaire”). 

Cherchant à relancer le débat et à sensibiliser le consulat sur l’importance de ce thème, Florence Poznanski a lancé mi 2018 un questionnaire pour mieux comprendre les besoins et les attentes de nos compatriotes au Brésil. Même si les profils sont très divers et le nombre de réponses recueillies pas assez élevé pour dresser une véritable statistique, les commentaires convergent et montrent assez précisément ce qui pourrait être fait.

Le questionnaire a recueilli 46 réponses. Parmis les répondants, 58% indiquent être actuellement en recherche d’emploi ou de reconversion professionnelle et 50% affirment avoir des compétences en lien avec des entreprises françaises basées au Brésil. Les compétences mentionnées sont assez diverses, par exemple : l’enseignement du français, le tourisme, le conseil en environnement, la construction et industrie, la publicité, l’événementiel, le commerce, le droit, le marketing, etc. 

Pour ceux et celles qui sont en recherche d’emploi, la plupart indiquent que c’est le réseau et la possibilité de multiplier les contacts qui leur ont été le plus utile. S’ajoute aussi la possibilité de participation à des événements, des séminaires ou des salons, suivre des formations professionnalisantes ou encore des sessions de coaching. 

La revalidation des diplômes obtenus en France est mentionnée comme un problème qui exige des démarches administratives très lourdes. La législation et l’organisation académique est différente au Brésil et trouver des informations sur le sujet est très compliqué. De plus, selon le diplôme, cette revalidation n’est pas toujours possible ce qui contraint de nombreuses personnes à recommencer une nouvelle carrière à partir du début. 

Du côté de celles et ceux qui ont monté leur entreprise, l’accès à l’information sur la législation et les procédures comptables est fondamental. Il faut pouvoir être très au clair sur les aspects légaux et tributaires comme les statuts juridiques, les systèmes de taxes et impôts, les cotisations retraites, les démarches spécifiques pour les non-détenteur·rice·s de la nationalité brésilienne, etc. 

“Créer son activité au Brésil requiert beaucoup de connaissances sur le cadre local (manière de négocier, lois, aspects relationnels, études de marchés…). Dominer le portugais est également obligatoire. Les acteurs (avocats, comptables, agences de pub, etc, fournisseurs…) et institutions brésiliennes (mairies, ministério da fazenda) fournissent déjà pas mal d’informations pour élaborer un business plan”, (extrait d’un témoignage recueilli dans le questionnaire).

Ce type de service est assuré par l’opérateur public Business France, pour les entreprises françaises désirant s’implanter à l’international. Mais il est payant et hors de portée des Français déjà sur place et sans apport financier. 

Les réponses au questionnaire ont identifié une série d’initiative qui pourraient être prises par le consulat et les autres acteurs de l’économie française au Brésil. 

Partager l’information 

Comme l’accès à l’information au Brésil est difficile, de surcroît pour des étrangers, un grande partie des réponses suggère la publication d’informations sur la législation existantes et les acteurs brésiliens vers lesquels se tourner. Informer sur les différentes structures brésiliennes (publiques ou privées) qui offrent des formations, des informations pour recherche d’emploi ou création d’activité (SENAI, SEBRAE), faire connaître les cours en ligne gratuits et adaptés au contexte local, les sites et réseaux locaux de recherche d’emploi, etc. 

“Je trouve qu’élaborer un guide actualisé ou éditer des infos sur les supports institutionnels et académiques existants faciliterait déjà dans un premier temps l’élaboration d’un projet académique ou professionnel” (extrait d’un témoignage recueilli dans le questionnaire).

Organiser le réseau 

Le consulat et ses partenaires économiques sont des intermédiaires naturels entre les entreprises françaises et les chercheurs d’emploi. Représentant la France au Brésil, le consulat a aussi une certaine légitimité à inviter des institutions brésiliennes pour faciliter l’accès à l’information et à la formations de nos compatriotes. Plusieurs propositions parlent d’organiser des événements, des rencontres avec les professionnels, des workshops thématiques.

“Le consulat et les autres partenaires (Chambre de commerce, Business France, etc) pourraient organiser des rencontres avec les Français en recherche de reconversion ou en quête de nouveaux défis professionnels. Il serait important a mon avis que les candidats soient « classés » par ordre de segmentation ou intérêt professionnel”, (extrait d’un témoignage recueilli dans le questionnaire).

“le consulat pourrait proposer un accompagnement pour les nouveaux arrivants surtout sur la partie administration que je trouve personnellement difficile et laborieuse, d’autant plus au Brésil en portugais”, (extrait d’un témoignage recueilli dans le questionnaire).

Une plateforme d’échanges

A l’heure du numérique et des réseaux sociaux, l’idée d’une plateforme d’échange en ligne pour le partage d’informations, d’offres d’emploi, de CV et de témoignages est de nombreuses fois évoqué. Peut-être plus facile à penser qu’à faire, les pistes évoquées n’en sont pas moins pertinentes et témoignent d’un vrai besoin car à l’heure actuelle un outil comme celui-là n’existe pas. 

Selon les témoignages cette plateforme pourrait : 

  • recueillir les besoins des entreprises françaises et des entreprises brésiliennes recherchant des compétences françaises dans le but de diriger rapidement ceux et celles qui recherchent un emploi, 
  • publier des offres d’emplois et de formation,
  • présenter les témoignages de Français·e·s et de leurs expériences professionnelles dans le pays d’accueil,
  • informer sur le marché du travail au Brésil et sur les branches qui pourraient être attractives pour les Français de l’étranger,
  • expliquer les aspects administratifs et législatifs de base;
  • servir d’espace de rencontre et d’échange entre personnes aux profils similaires qui ne se connaissent pas.