Le prix des droits de l’Homme 2023 a été remis à Marina Paula de Oliveira, militante originaire de Brumadinho et engagée contre la multinationale minière Vale pour dénoncer sa responsabilité criminelle dans la rupture du barrage de déchets miniers, le 25 janvier 2019 qui a causé la mort de 270 personnes en déversant des millions de m3 de boue dans le fleuve Paraopeba.

Ce prix de la République Française est décerné chaque année à des défenseurs et défenseuses des droits humains par la commission nationale consultative des droits de l’Homme, institution française qui promeut les droits humains en France et dans le monde. En plus d’un soutien financier il accorde aussi aux activistes lauréats la protection diplomatique de la France à vie.

Le 7 décembre dernier, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger, Olivier Becht a remis le prix des droits de l’Homme à Marina Paula de Oliveira et à 4 autres défenseurs du droit à l’eau. La montée de la prise de conscience mondiale autour des enjeux écologiques a permis de donner à ce droit à l’eau une plus grande légitimité. L’accès universel à l’eau potable est bafoué dans la plupart des endroits du monde. Et la défense de ce droit est directement liée à la dénonciation des acteurs économiques privés qui exploitent, s’accaparent, polluent voire détruisent les sources d’eau tout en persécutant les populations locales qui se mobilisent pour les protéger.

Ainsi en 2022, 48 % des défenseurs des droits assassinés défendaient le droit à la terre, les droits des peuples autochtones et l’environnement selon le rapport annuel de Front Line Defenders. Bien loin du discours généralisé sur le greenwashing, ce funeste record ne fait que nous rappeler que le combat pour la protection de la nature se mène en première ligne sur les lieux où les biens communs naturels sont menacés par la prédation économique.

« C’est un honneur pour moi de recevoir ce prix. En même temps, j’espère qu’un jour des prix comme celui-ci ne seront plus nécessaires, parce qu’il n’y aura plus de violations des droits humains. En attendant, c’est à nous de nous battre pour que ce jour arrive le plus vite possible », tels ont été les mots d’ouverture du discours de Marina Paula de Oliveira, adressés au ministre Olivier Becht.

Puis elle rappelle également que 1 % les plus riches de la planète émettent la même quantité de carbone que 66 % de la population mondiale.

Tragédie ou crime annoncé ?

Après la catastrophe de Brumadinho, nombreux ont été ceux à avoir allumé des bougies pour les victimes de cette « tragédie ». Beaucoup plus rares ont été les voix pour dénoncer ce « crime prémédité », comme une grave erreur politique qui aurait pu être évitée. Car depuis 2019, aucune année de prison n’a été requise et aucune maison n’est encore reconstruite.

En cause, une série d’illégalités dûment documentées, révélatrices de ce qu’il se passe lorsque les intérêts du capital parlent trop fort et dictent les priorités de la collectivité. C’est toute une chaîne de décisions contrôlée par Vale pour se rendre intouchable et indispensable : de la corruption des services de l’État brésiliens en amont pour l’octroi des autorisations d’implanter de tels équipements, jusqu’au financement des campagnes électorales des députés membres de la commission parlementaire d’investigation mandatée pour juger les faits. Des millions qui auraient pu servir à renforcer la sécurité de ses mines et à traiter de façon plus durable ses déchets miniers.

Trait-d’Union se réjouit de la reconnaissance par la France du combat de Marina Paula de Oliviera et des mouvements avec lesquels elle s’engage : le mouvement Brasil Popular (MBP) et le Movimento pela soberania popular na mineiraçao (MAM). Nous espérons que l’ambassade de France au Brésil leur accordera tout le soutien nécessaire à la poursuite de leur combat pour la mise en œuvre d’un référendum populaire pour la défense des ressources naturelles et des populations de l’État de Minas Gerais. En effet, en plus de son engagement pour la défense du droit universel à l’eau, la France est aussi partie prenante de l’exploitation minière dans l’État du Minas Gerais par le biais de la multinationale française Vallourec.