La plage de Flamengo, à Rio de Janeiro, couverte de déchets @CarolineVerna

Lorsqu’on arrive à Rio de Janeiro, on peut être émerveillé par la beauté des plages, de la nature, la présence de l’océan au cœur de la ville…. Avant d’être horrifié par la quantité de déchets dans le sable, et des morceaux de plastique divers qui flottent dans les vagues. Cette pollution visible décourage parfois la baignade.

Avec tout ce que l’on entend, il est difficile de s’y retrouver : quelle est la qualité de l’eau à Rio de Janeiro? Est-il dangereux pour la santé de se baigner ? Faut-il privilégier telle plage plutôt que telle autre? On se fie aux “dicas” des locaux, mais ont-ils raison?

Caroline Verna, océanologue et membre du collectif Traits-d’Union propose une série d’articles sur la qualité des eaux dans l’Etat de Rio de Janeiro.

Le 20 mars dernier, elle a présenté un résumé sur la situation de l’eau autour de la Baie de Guanabara lors d’une conférence internationale organisée à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, sur les menaces qui pèsent sur ce bien commun sur tout le continent américain.

Dans ce premier article, elle nous donne des “dicas” pour bien choisir la plage où l’on se baigne. 

Dans l’État de Rio, la qualité des eaux est très surveillée

Dans l’État de Rio (comme en France), la qualité de l’eau des plages est très surveillée. Pour évaluer si une eau est propre ou impropre à la baignade, on y mesure la quantité de certaines bactéries qui ne devraient pas y être présentes.   

Ces bactéries se trouvent de manière naturelle dans nos intestins (même quand nous sommes bien portants), et peuvent arriver dans l’océan avec les eaux usées. Si elles sont rarement dangereuses pour notre santé, elles peuvent indiquer la présence d’autres germes pathogènes qui eux pourraient nous rendre malade.  

Ne pas se baigner dans les 24 heures suivant de fortes pluies

Dans l’État de Rio, c’est l’INEA « Instituto Estadual do Ambiente » (Institut régional de l’environnement) qui est chargé de contrôler l’eau. La fréquence de prélèvement des échantillons est bihebdomadaire à mensuelle, selon les plages. La quantité de deux types de bactéries est mesurée : les “coliformes thermotolérants” (comme les Escherichia coli) et les “entérocoques”. S’il y en a trop, la plage est classée comme impropre à la baignade. 

Le résultat des analyses précédentes influence la classification future : après un prélèvement avec une concentration particulièrement élevée de ces bactéries, ou plusieurs prélèvements successifs avec des eaux polluées, il faudra plusieurs mesures “propres” avant que l’indicateur revienne au vert (baignade autorisée). 

En plus des résultats des analyses, l’INEA recommande de ne pas se baigner dans les 24h suivant de fortes pluies car les eaux usées peuvent dépasser la capacité de traitement des eaux du réseau et polluer l’eau côtière.

Une autre “dica”, quand on se baigne en eaux chaudes : il est très important de se rincer les oreilles à l’eau douce pour éviter que des bactéries ne causent des otites par exemple, parole de plongeuse.

Comment choisir la plage où se baigner? 

L’INEA met à disposition du public les résultats des analyses sur la qualité de l’eau des plages. Un document PDF mis à jour régulièrement est accessible sur leur site.  Il suffit ensuite de choisir la municipalité qui nous intéresse. Les bulletins hebdomadaires indiquent la qualité des eaux de TOUTES les plages de l’État, et les endroits où sont faits les prélèvements (jusqu’à 4 par plage). 

Cela peut donner une idée de quelles plages privilégier, certaines plages étant rouge toute l’année ou presque comme celles de Flamengo ou de Botafogo et à l’inverse d’autres restant plutôt au vert comme Ipanema.

Dans la zone sud et ouest de Rio de Janeiro, bien que sur l’océan, on évitera les plages de Leme, Leblon et une partie de celles de Barra da Tijuca (du début de plage jusqu’au posto 2 inclus).

Le site Praia Limpa reprend les dernières analyses de l’INEA, généralement faites le lundi, et les présente de manière plus lisible, notamment depuis un téléphone. 

En pratique, le site de l’INEA explique aussi quelles analyses sont faites et comment les résultats sont interprétés ici.

Et ailleurs ?

Dans l’Espírito Santo, la ville de Vitória a aussi un site dédié : https://m.vitoria.es.gov.br/balneabilidade.php

Caroline Verna, océanologue et membre du Collectif Traits-d’Union

L’écologie est au coeur des valeurs de Traits-d’Union et le collectif s’engage pour sensibiliser et apporter des solutions locales sur ces sujets.