Le 31 mars 2020, le Dr. Marie-Christine DUNIAU, médecin-conseil du Consulat de France à Rio, participait d’une vidéoconférence en direct avec Florence Poznanski, conseillère consulaire. Elle a parlé du Covid-19 et répondu aux questions des paticipants.

vidéo conférence du Dr. Marie-Christine Duniau le 31 mars
 
Deux questions principales ont été évoquées :
  • Comment nous comporter face à ce nouveau virus? Comprendre les symptômes et s’en prévenir.
  • Quelles démarches adopter s’il faut aller à l’hôpital ? Quelle est la politique publique sanitaire mise en place ?
Le virus : On sait pour l’instant que ce virus a un énorme pouvoir de contagion : deux à trois fois supérieur à celui des grippes qui nous touchent chaque année. Hors des humains il survit de quelques heures à 3 jours, suivant les supports (plus longtemps sur les surfaces lisses), sauf si elles sont exposées aux rayons du soleil, dans ce cas, la charge virale pathogène du virus disparaît en quelques heures. Les animaux de compagnie peuvent aussi être vecteurs par leur pelage.
 
Les symptômes : Les symptômes particuliers sont de forts maux de tête et fièvre (38-38,5°), toux et perte de l’odorat et du goût. Pour aider à les différencier des autres virus respiratoires et intestinaux, le Ministère de la Santé brésilien a anticipé la date de la vaccination contre la grippe (Influenza). Mais ce vaccin n’a aucune relation avec un possible vaccin contre le nouveau virus. Il permet juste de réduire la quantité de cas de grippe. Le vaccin contre la pneumonie n’a pas non plus d’effets sur le Covid-19. Les recherches pour un vaccin contre le Covid-19 sont en cours, mais pourront prendre encore du temps.
 
Ces signes particuliers s’estompent après une semaine et vient une phase de récupération du malade qui continue contagieux encore 14 jours durant lesquels il doit rester rigoureusement isolé de tous, et tous ses objets personnels doivent être rigoureusement désinfectés. Mais, au lieu de la phase de récupération peut survenir une phase d’intensification des symptômes qui peut conduire à la mort en 2 à 3 jours, sans soins intensifs. À ce moment-là, le virus détruit tout le tissu des poumons, contrairement aux pneumonies où la destruction est localisée. Le signe particulier de cette phase est la difficulté à inspirer (manque d’air), différemment de l’asthme qui provoque des difficultés à expirer.
 
Médicaments : Une seule règle d’or à suivre : Pas d’automédication. Ensuite, dans la trousse à pharmacie : éviter tous les anti-inflammatoires qui masquent les symptômes du virus (principalement Ibuprofène/Advil qui a des effets secondaires néfastes). Pour aider à supporter les maux de tête une, référence est la Novalgine (Dipirona), mais de préférence après prescription médicale car les dosages varient selon les patients. Quant à la Chloroquine ou sa forme actuelle Hidroxychloroquine, moins toxique : son efficacité fait encore l’objet de tests. Ne jamais en prendre seul, elle comporte des risques très élevés principalement pour les porteurs de maladies cardiovasculaires. Si elle venait à être réglementée elle ne serait autorisée qu’à l’hôpital et pour les cas graves ou très graves.
 
Renforcer les défenses immunitaires et se protéger : Sont recommandés : une alimentation saine, équilibrée et diversifiée ; un bon rythme de sommeil (dans les deux heures après minuit le corps fabrique les défenses immunitaire, donc « ne pas déranger ») ; faire du sport, n’importe lequel, y compris sauter à la corde, monter et descendre les escaliers et, si possible à air libre (balcon) avec un peu soleil. La vitamine peut aider, mais de façon limitée pour cette maladie.
 
Enfin, l’hygiène, encore l’hygiène, toujours l’hygiène. Les informations dont nous disposons à ce jour indiquent que le manque d’hygiène serait le seul risque d’une mère infectée de contaminer son bébé, notamment lors de l’allaitement. Pas de cas avéré de transmission par la gestation. L’utilisation de masques sert également pour se protéger quand on doit sortir pour s’approvisionner ou aider, en plus de protéger les autres quand on est soi-même malade.
 
Politiques sanitaires : La question que tout le monde se pose et à laquelle personne n’a de réponse : combien de temps continuer l’isolement, après que la courbe ait commencé à baisser. Il parait clair que le critère continuera à être la capacité des infrastructures sanitaires à recevoir les malades en état grave et très grave. Quoiqu’il en soit un délai raisonnable semble être de trois semaines au minimum. Le cycle complet en Chine fut de plus de trois mois principalement à cause du risque de transmission par les excréments et autres liquides de personnes contaminées. Cet aspect est encore globalement peu discuté hors de Chine. En attendant ce moment, les informations sont les suivantes : le pic devrait se produire au Brésil, à partir de la mi-avril.
 
Médecins et hôpitaux :En cas de symptômes, même légers, il est recommandé de se rapprocher de son médecin habituel ou contacter par téléphone un médecin ou service privé de télémédecine dans votre ville. Les médecins-conseils du consulat sont à votre disposition également. Le médecin est le principal professionnel qui peut ouvrir le chemin vers un hôpital. Les tests, au Brésil, ont des délais techniques de 7 à 10 jours et actuellement des files d’attente d’une dizaine de jours. Ils ne peuvent maintenant être faits que par les hôpitaux.
 
Pour les respirateurs, ils manquaient déjà dans les hôpitaux publics avant la pandémie, il y a des importations en cours et une entreprise en fabrique au Brésil. Les hôpitaux privés semblent être préparés. Les personnes sans plan de santé devront se rendre dans le système public ou s’acquitter des soins dans le secteur privé. On attend la possibilité d’une décision du gouvernement pour obliger le secteur privé à recevoir les patients du public. Il est recommandé de vérifier vos conditions d’assurances et identifier les établissements dont vous dépendez. Certaines compagnies d’assurance ont indiqué qu’elles ne couvraient pas les pandémies.
 
Situation dans les favelas : Dans les communautés des grandes agglomérations urbaines le terrain est plus difficile, les défenses des habitants sont amoindries para des maladies graves et contagieuses de retour, comme la tuberculose. S’ajoute à cela le déficit des réseaux de distribution d’eau et d´égout, le peu d’espace par personne dans les maisons et la nécessité de travailler pour survivre. Seule la solidarité et la mobilisation des organisations sociales, gouvernementales et aussi des trafiquants commence à réduire les risques.
 
Rentrer ou rester ? Finalement, que choisir entre rentrer en France et rester au Brésil ? il est souhaitable que les Français de passage rentrent en France. Pour ceux qui sont résidents ou expatriés avec de bons plans de santé, la France leur recommande de rester bien que personne ne puisse prévoir la gravité de la crise sanitaire qui est à peine au début de la courbe ascendante. Il est cependant à prévoir une diminution voir une interruption des vols internationaux. Chaque situation est à analyser au cas par cas. Vous pouvez pour cela appeler le centre de crise du consulat ou vos conseillers consulaires.
 
Informations et numéros utiles :
 
Pour obtenir des informations officielles un seul numéro : 160 (à Rio) et 136 (au niveau national).
 
Pour suivre l’évolution: le ministère de la santé a lancé une application mobile « Coronavirus-SUS » sur Google Play et Apple Store
 
Numéro spécial d’appel des consulats :
Rio de Janeiro : +55 (21) 3974-6850 (de 9h à 18h) et permanence téléphonique en cas d’urgence : +55 (21) 98121-2628
São Paulo : +55 (11) 3371 5400 et permanence téléphonique +55 (11) 984 62 52 50 ou +55 (11) 984 89 12 79
Brasilia : +55 (61) 3222-3999 (de 7h à 22h) et permanence téléphonique d’urgence : +55 (61) 3222-3920
 
Coordonnées des médecins conseils :
Rio de Janeiro : Dr Chantal Corcos (+55 21 9998 53412) et Dr Marie-Christine Duniau (+55 21 9961 89336)
Belo Horizonte : Dr. Héloïse Garcia (+55 31 99778-0005)
São Paulo : Dr. Maxime Godard au +55 11 9853-10830 (portable)
Brasília : Dr Sabri Lakhdari au +55 61 3244 4995 (fixe) ou +55 61 98505 3232
Récife : Contacter le Consulat général de France pour le Nordeste à Recife au + 55 81 3117 3290
 
Contacts de Florence Poznanski : flopoz@hotmail.com– +55 (31) 98643-3247.
 
Nous remercions également Mélanie et Raquel pour leur aide précieuse dans les coulisses pour la réalisation de la transmission (une équipe 100 % féminine).
 
Texte rédigé par Patrick Maury