Retrouvez les principaux points soulevés par les deux spécialistes lors de la vidéo-conférence en direct qui s’est tenue le 23 avril dernier.

Cyril Regnaud et Benoît Le Bouteiller le 23 avril
 
Après une approche des impacts du virus par la biologie …. c’est maintenant un débat qui traite des impacts de la pandémie sur nos esprits et comportements qui est modéré para Florence Poznanski et abordé para deux professionnels de la psychée.
 
La démarche de Cyril Regnaud propose d’aider à trouver son chemin dans la vie, celle de Benoit Le Bouteiller à analyser les effets de la parole sur les corps et les pensées.
 
Introduction de Cyril Regnaud
 
Il faut prendre le temps d’aller mal, ne pas chercher à être toujours bien. Se sentir mal c’est bon ! Les émotions sont nécessaires pour agir, les nier est un problème. Il ne faut cependant pas tomber dans la paralysie…
 
Depuis les années 90 et plus encore dans les années 2000, le culte de la performance nous a enseigné à être toujours plus performant, au travail et au lit. Interdiction d’aller mal et de ralentir.
 
Référence à Spinoza (1650) “Les hommes se croient libres car ils ignorent leurs chaines”.
 
Nous avons perdu le contact avec la mort et avons cru jusqu’à cette pandémie que tout peut être contrôlé. Les transhumanistes radicaux parlent de “la mort de la mort”. La médicalisation de la vie efface la souffrance et tout ce qui sort de la norme de la santé.
 
Les promesses de l’époque risquent de nous faire perdre le contact avec la nature, les autres et les émotions sont toutes (positives et négatives) nécessaires pour agir de manière “adéquate”, les nier est un problème.
 
Retour brutal sur la réalité des corps – absents dans les réseaux sociaux – avec les risques de vie et la fragilité.
 
Problème des personnes trop autocentrées dû à la difficulté de se voir dans la société et s’y connecter à cause du manque de liens.
 
(Réponse à Olivier Abillio sur l’importance de la religion) La spiritualité est un lien comme un autre (et n’est donc pas un problème). Il comporte le risque des radicalismes où le lien social est alors rompu et on perd alors le lien avec le commun. Problème de l’individualisme extrême : chacun aurait sa vérité, perdant ainsi de vue ce qu’il y a de commun à tous.
 
Benoit Le Bouteiller : Qu’est-ce que ça veut dire résilience ?
 
C’est une question travaillée par Freud. Le concept exprime la capacité de se reconstruire après un traumatisme. L’impact du virus est lié à la dimension sociale de l’influence de notre entourage même lointain sur notre psychisme. La maladie fait ressentir la fragilité, aspect central de la vie elle lui donne sa beauté.
 
L’indigestion d’informations crée des problèmes neurologiques.
 
(Réponse à Nina Layotte sur l’effet sur les antécédents dépressifs) Les effets d’une situation de crise peuvent autant s’accumuler avec des antécédents dépressifs ou d’anxiété que l’inverse. Les traitements ne peuvent se faire qu’au cas par cas.
 
(Réponses à la question de Florence Poznanski sur l’aide à une personne en crise psychologique) Quand deux personnes qui sont ensembles ont des ressentis différents, il est nécessaire d’établir des limites de réaction pour se protéger également.
 
suite d’interventions : Benoit Le Bouteiller (BLB) / Cyril Regnaud (CR)
 
(BLB) : L’épidémie fait tomber les masques (A. Arthaud), les voiles, c’est le sens du mot apocalypse. Pour répondre, réagir il faut partir des singularités, des fondements du désir fleuve profond fort et insondable : l’envie essentielle (pas de bien de consommation).
 
(CR): Depuis de nombreuses années les singularités sont écrasées. L’envie est quelque chose d’un peu superficiel, alors que le désir est plus profond, lié à notre soubassement singulier. Une vie dans la joie de l’agir, par exemple la vie d’artiste, ne veut pas dire une vie heureuse, dans le bonheur (confort, sécurité, etc.).
 
(BLB) L’addiction est une maladie (dépendance) de produits chimiques (sensations psychiques, de sensations physiques, d’objets (collection)… la prise de conscience ne suffit pas.
 
(CR) l’addiction n’est pas une maladie et n’est pas réductible à un problème individuel. C’est un mode d’être au monde plutôt conforme aux idéaux et caractéristiques de notre époque. Il faut essayer de trouver un désir plus désirable que l’addiction. Tout comme l’excès d’information, où l’on se noie et qui nous rend impuissant. L’information qui nous parvient n’est reliée à aucune référence sensorielle, elle ne modifie pas nos attitudes. Celle-ci ne change que quand nous sommes en situation, comme un proche contaminé par le virus.
 
(Réponse à la question de LED sur comment rassurer les enfants)
 
(BLB) Le rapport des enfants aux écrans est une catastrophe. Leur construire des espaces et des temps différents.
 
(CR) Dialoguer, dessiner, s’occuper des enfants, favoriser l’exploration. Peut-être ne pas se préoccuper de l’interruption de l’école.
 
Quelques conseils pratiques pour le confinement et les impacts de la pandémie
 
(BLB) S’habiller (ne pas rester en pyjama). Réinventer une vie érotique.
 
(CR) Ne pas oublier les corps ; se discipliner pour tirer profit du temps libre ; prendre soin de nos liens ; réfléchir aux causes ; prendre distance avec les automatismes.
 
(Question de Florence Poznanski : Qu’est ce qui peut nous signaler que c’est le moment de chercher l’aide d’un Psy)
 
(BLB) Quand on sent que sa vie est encombrée ; quand j’y pense et ne le fait pas ; quand on en a envie comme d’un voyage. La magie = l’âme agit
 
(CR) On peut très bien vivre avec ses problèmes, mais quand on se sent perdre les pédales…
 
Autres questions et commentaires de participants
 
Le blocage n’est pas que dans la tête. Le biopouvoir (foucault), comme controle des corps se consolide. Faire le deuil du monde d’avant. Somatisation du vécu en situation de choc. La force des brésiliens vient de la religion – ça fabrique du sens.
 
Nous remercions également Mélanie et Raquel pour leur aide précieuse dans les coulisses pour la réalisation de la transmission.
 
Texte rédigé par Patrick Maury