Source de l'image : Le petit journal Rio de Janeiro

Tribune publiée le 31 janvier dans le Petit Journal par le mandat consulaire collectif Traits-d’Union, représenté par Mélanie Montinard et Tulio Matêncio, pour les Françaises et les Français de la 2e circonscription du Brésil. 

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C’est par voie de presse que le monde entier a découvert que l’Etat français travaille à la vente de la Maison de France de Rio de Janeiro, immeuble emblématique de la présence française au Brésil. Après la fermeture des Instituts Français de Naplouse en Cisjordanie et de Valence en Espagne, voilà que 70 ans d’histoire et de coopération culturelle entre la France et le Brésil devraient fermer leurs portes ? 

Traits-d’Union dénonce la totale opacité de la part des services de l’Etat, refusant même de participer au conseil consulaire d’urgence convoqué par sa Présidente, Mélanie Montinard, pour clarifier la situation. 

Nous exprimons ensuite notre plus vif désaccord devant la politique effrénée de désengagement de l’État à l’étranger qui piétine des siècles de tradition d’influence culturelle et diplomatique. Monsieur Emmanuel Macron a-t-il également prévu une bibliothèque et un théâtre dématérialisés pour remplacer ces lieux où chaque jour se tisse le multiculturalisme, d’un rayon de livres à une rangée de strapontins. Seront-ils aussi remplacés par des télécentres des services consulaires qui ont d’ores et déjà eu raison de l’accueil physique de nombreux consulats dans le monde ?

La fermeture des consulats honoraires de Victoria et de Belo Horizonte suivent la même logique comptable : supprimer les dépenses inutiles jusqu’à rendre inopérant ce qui existe encore. 

Construit dans les années 50 sur un terrain cédé par le Brésil à la France, grâce à une aide financière de la communauté française, l’immeuble est le symbole de la diplomatie française et de la coopération culturelle au Brésil depuis 70 ans. 

Haut lieu de la résistance face à la dictature militaire, où les étudiants de la Faculté de Philosophie de l’Université Fédérale, à l’époque voisine (occupé aujourd’hui par le consulat d’Italie), côtoyaient les intellectuels de l’époque et s’abreuvaient des idées de nos écrivains. Son rayonnement s’est poursuivi avec le Théâtre de la Maison de France et la Bibliomaison qui sont des lieux emblématiques de la présence française au Brésil. Le théâtre a accueilli le meilleur répertoire dramatique du pays, en particulier celui de célébrités comme Tônia Carreiro et Fernanda Montenegro, avant d’être la première victime du désengagement de l’Etat et de fermer définitivement ses portes en 2020.

Nous ne laisserons pas la Maison de France disparaître ! De nombreux acteurs culturels français et brésiliens ont déjà manifesté leur indignation et nous nous joignons à eux pour renforcer cette mobilisation. Lorsqu’un lieu culturel ferme, c’est un pan d’humanité qu’on ampute. Nous invitons toutes et tous à se joindre à cet appel et à partager avec nous leurs souvenirs au sein de ce bâtiment. 

Mandat Collectif